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La Mort d'Édouard Ganche

À la mi-mars 1945, Édouard Ganche fait part à l'un de ses correspondants, sans plus de précisions, de sa santé déclinante. Il évoque un traitement dont les premiers effets seraient bons. Trois mois plus tard, le jeudi 31 mai, Édouard Ganche meurt à Lyon, à dix heures, en son domicile, 5 rue Royale. On ignore la nature exacte de l’affection qui l'emporte: son épouse a observé sur ce point la plus grande discrétion.
Dans une lettre à Marthe Bouvaist-Ganche, Gabriel Patourel (1868-1968), l'oncle d'Édouard Ganche, livre quelques éléments qui permettent de supposer que, sans doute comme son père et sa mère avant lui, Édouard Ganche a pu succomber à un cancer.[1]
Chère Marthe,

Votre lettre du 25 m'a profondément ému. Quel martyre, quel calvaire pour vous et pour lui…
Comme tout s'enchaîne dans la marche de la terrible affection en progression inexorable malgré une courte période d'apparente mais trompeuse amélioration. Vous avez souffert tous les deux; se peut-il que nous soyons condamnés à tant souffrir. Notre correspondance des derniers mois relative à ses travaux, a pu l'arracher quelques instants aux angoisses relatives à ce terrible mal et je me demande pourquoi il me cachait si soigneusement son état de maladie. Sans doute je n'aurais rien pu scientifiquement ou médicalement pour une affection contre laquelle nous sommes encore désarmés, mais en le ramenant à ses travaux littéraires, en bataillant avec lui pour la recherche d'une nouvelle perfection, j'aurais peut-être réussi à atténuer les soufffrances en déviant la sensibilité cérébrale vers ses chers travaux et ses désirs de réalisations.
Inclinons-nous devant son ombre et pleurons en commun.
[…]

Nous vous embrassons tous affectueusement,

[signature]
[2]
Édouard Ganche est inhumé le samedi 2 juin à 8h45, sans cérémonie religieuse, dans un cercueil en chêne. Peu avant de mourir, il a exprimé sa dernière volonté à son épouse: que ne soient pas annoncées à l'avance ses funérailles. C'est donc seule que Marthe Bouvaist-Ganche accompagne son mari jusqu'à sa dernière demeure, comme nous l'apprend l'avis de décès qui paraît dans Le Progrès de Lyon le 21 juin 1945:

À Lyon, le 31 mai, est mort de la façon la plus discrète un musicologue éminent dont les travaux sont plus connus que la personnalité: Édouard Ganche. son décès a été appris tardivement; il avait voulu que ne fussent pas annoncées à l'avance ses funérailles qui ne furent suivies que par sa femme, Mme Bouvaist-Ganche, professeur de piano supérieur au Conservatoire de Lyon.
Édouard Ganche, fils d'un médecin breton, était né le 13 octobre 1880. Il se serait voué à la médecine si une grave et précoce surdité ne l'avait empêché de suivre sa vocation.
Toute sa jeunesse, il avait fait de fortes études musicales. Lorsqu'il fut frappé par son infirmité, il réserva son travail sourtout à la vie et aux oeuvres de Chopin. Au maître polonais il consacra plusieurs livres très importants et très estimés; il a publié à l'Oxford University Press une monumentale édition critique des oeuvres du musicien et il a fondé la Société Frédéric-Chopin, dont le président d'honneur est M. Édouard Herriot.
Depuis son mariage, en 1925 [sic, pour 1923], Édouard Ganche passait à Lyon la plus grande partie de sa vie laborieuse.

 

Notes:

1 On songe à ce passage de ses mémoires où, enfant, il déclare à son père, après une visite à une mourante: «Il faut découvrir quelque chose pour tuer ce cancer. Pourquoi ne cherches-tu pas?» Mon début dans la médecine, Denoël et Steele, 1936, p.121.
2. Lettre de G. Patourel à Marthe Ganche, Paris, 29 décembre 1945 - BnF Richelieu, Musique, magasin de la Réserve, cote LA-PATOUREL G-1.

Article lié:
La tombe d'Édouard Ganche.



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